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Critique série - Lol: qui rit, sort !

L’émission Lol : qui rit, sort en est désormais à sa saison 4, mais vaut-elle à ce point le détour ?

 

Dès l'affiche, le ton est donné : le casting est alléchant, mais la mise en scène est un peu lourde. © Amazon Prime Video
Dès l'affiche, le ton est donné : le casting est alléchant, mais la mise en scène est un peu lourde. © Amazon Prime Video

Zénon Brügger

Publié le 02.04.2024

Temps de lecture estimé : 4 minutes

Il est des séries ou émissions qui sont de petites pépites inconnues, que l’on se réjouit de découvrir et de présenter à nos amis. Il en est d’autres dont le succès retentissant – voire le tapage médiatique – impose quasiment le visionnage, ne serait-ce que pour savoir ce dont parle tout le monde. Lol : qui rit sort ! diffusée sur Amazon Prime Video fait partie de cette deuxième catégorie. Le concept, importé d’une émission de TV japonaise et adaptée dans de multiples pays, est relativement simple : enfermer des humoristes, comédiens et comédiennes dans un décor fermé pendant plusieurs heures et éliminer celles et ceux qui laisseront échapper un rire, provoqué par les idées toujours plus absurdes de leurs adversaires.

À chaque nouvelle saison, il faut bien le dire, c’est un véritable engouement qui se crée sur les réseaux sociaux et on le comprend, la série sait se vendre. Pour commencer, le casting est alléchant. À l’exception peut-être de la première saison (Gérard Jugnot et Tarek Boudali ? Sérieusement ?), les producteurs auront su trouver les candidats idéaux pour un tel format, en mélangeant, comme à l’accoutumée, des personnalités s’étant fait connaître sur internet pour leur humour comme Mcfly et Carlito, Anaïde Rozam ou Alison Wheeler, et des comédiens et humoristes plus «traditionnels» à l’image de Redouane Bougheraba, Marina Foïs, ou Alban Ivanov. On appréciera particulièrement la contribution de Jérôme Commandeur, dont les imitations et multiples personnages plus vrais que nature feront glousser plus d’un. Bien que le décor, atrocement kitsch et ringard, impose une mise en scène relativement artificielle, le format donne une réelle impression d’authenticité entre les participants, dont on comprend bien la peine à se retenir d’éclater de rire. L’efficacité du concept est telle qu’on est même tenté de se retenir soi-même de rire devant son écran, pour avoir l’impression de participer. De plus, à l’heure de séries interminables dont la fin est toujours ajournée pour de nouvelles saisons à la qualité toujours régressive, une simple émission de sept épisodes fait du bien.

 

Pour vous faire une idée : le trailer de la série

 

Cependant, l’émission n’évite pas quelques lourdeurs dans sa réalisation et sa mise en scène. En plus du décor, – j’insiste, c’est vraiment super moche, il y a un côté «coussin péteur» dans l’image de l’humour que ça renvoie – les commentaires en off du réalisateur Philippe Lachaux, arbitre et présentateur de l’émission, font parfois rouler les yeux au ciel de ringardise. Toute l’émission a comme une pesanteur télévisuelle qui semble relativement démodée, fausse et rapidement agaçante, pour qui n’a plus allumé M6 ou TF1 depuis quelques années déjà. Peut-être était-il question de plaire à tous les publics, et donc de rassurer une audience plus âgée, habituée à des codes plus anciens.

De plus, la polémique quant à la rémunération des participants, soulevée par l’humoriste française Blanche Gardin peut faire grincer des dents. Sur twitter, la comédienne révélait, après avoir été contactée par la production de Lol: qui rit, sort ! que la participation était rémunérée à hauteur de 200’000 euros pour moins d’une journée de tournage. On peut en effet se demander si cette émission n’est pas une stratégie marketing d’Amazon, pour se donner une image jeune et sympathique. Les candidats répètent à loisir qu’ils participent pour le profit d’associations, mais à force, l’idée que des associations humanitaires s’affrontent pour recevoir du financement devient presque désagréable. D’autant plus que ce financement hypothétique serait toujours bien inférieur à la rémunération des candidats. On a plus l’impression d’un vernis humaniste pour faire passer la pilule. Pour celles et ceux qu’un soutien à Amazon dérangerait, la Page Jeunes vous partage son astuce : l’abonnement à Amazon Prime Video est gratuit les 7 premiers jours et la série en prend moins pour être visionnée en entier.

En conclusion, bien qu’on soit loin de sortir intellectuellement enrichi d’un tel visionnage, la série peut valoir le détour. Si les multiples best-of publiés sur les réseaux sociaux ne vous l’ont pas d’ores et déjà divulgâchée, y jeter un œil occupe efficacement une soirée de weekend.

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