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Le chef du renseignement militaire israélien démissionne

Benjamin Netanyahu n'a de cesse de clamer sa détermination à lancer une offensive terrestre à Rafah, dans le sud du territoire. © KEYSTONE/EPA/HAITHAM IMAD
Benjamin Netanyahu n'a de cesse de clamer sa détermination à lancer une offensive terrestre à Rafah, dans le sud du territoire. © KEYSTONE/EPA/HAITHAM IMAD


Publié le 22.04.2024


Le chef du renseignement militaire israélien a démissionné en assumant sa "responsabilité" dans l'attaque sanglante du Hamas, à l'origine de la guerre entre Israël et le Hamas palestinien dans la bande de Gaza, a annoncé lundi l'armée.

Le même jour, un responsable de Gaza a affirmé qu'environ 200 corps avaient été exhumés depuis samedi de fosses communes à l'intérieur de l'hôpital Nasser de Khan Younès, dans le sud du territoire. Sollicitée par l'AFP, l'armée israélienne n'a pas réagi dans l'immédiat.

Le général Aharon Haliva est la première personnalité politique ou militaire à démissionner depuis l'attaque sans précédent du 7 octobre, menée par des commandos du mouvement islamiste Hamas infiltrés depuis Gaza.

"Le 7 octobre 2023, le Hamas a mené une attaque-surprise meurtrière contre l'Etat d'Israël (...) le service du renseignement placé sous mon commandement n'a pas rempli la mission nous ayant été confiée", a écrit le général Haliva, qui compte 38 ans de carrière militaire, dans sa lettre de démission publiée par l'armée.

Cette annonce intervient alors qu'Israël célèbre la fête de Pessah, pâque juive, parmi les plus importantes du calendrier hébraïque. Cette célébration est marquée cette année par l'absence des 129 otages retenus à Gaza depuis le 7 octobre.

A l'appel des familles, une chaise sera laissée vide autour de la table lors du repas rituel de Seder lundi soir, pour ne pas oublier les otages.

Dimanche, le Premier ministre Benjamin Netanyahu avait promis de porter "de nouveaux coups durs" au Hamas, qu'il considère avec les Etats-Unis et l'Union européenne comme une organisation terroriste. Le chef d'état-major israélien, le général Herzi Halevi, a approuvé dimanche "les prochaines étapes de la guerre.

"Jour noir "

"Je porte avec moi ce jour noir depuis. Jour après jour, nuit après nuit. Je porterai pour toujours cette terrible douleur", a écrit M. Haliva dans sa lettre.

Sur le terrain, bombardements et combats se sont poursuivis lundi dans la bande de Gaza assiégée et menacée de famine. M. Netanyahu n'a de cesse de clamer sa détermination à lancer une offensive terrestre à Rafah, dans le sud du territoire, qu'il considère comme le dernier grand bastion du Hamas.

L'armée soutient que certains des otages enlevés le 7 octobre sont détenus à Rafah. Plus de 250 personnes ont été enlevées ce jour-là et 129 d'entre elles restent captives à Gaza, dont 34 sont mortes selon des responsables israéliens.

Mais les organisations humanitaires et de nombreuses capitales étrangères, dont l'allié américain, s'opposent à cette opération, craignant un bain de sang dans la ville frontalière avec l'Égypte, où s'entassent un million et demi de Gazaouis, habitants ou déplacés.

Corps en décomposition

Selon un correspondant de l'AFP, l'armée a bombardé lundi les camps palestiniens de Nousseirat et Maghazi, ainsi que le littoral à Deir el-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, et les villes de Rafah et Khan Younès.

Des drones ont aussi frappé la cour d'une école dans le camp d'al-Bureij, dans le centre du territoire. "À 1h15 du matin, nous avons soudain vu du feu, des débris et des destructions tout autour de nous. Nous avons commencé à courir et nous avons trouvé la mosquée détruite", a raconté à l'AFP Mousaad, un habitant de ce camp.

L'armée a, elle, annoncé avoir lancé une opération dans le centre de la bande de Gaza et "continuer à éliminer des terroristes et démanteler des infrastructures terroristes".

A Khan Younès, un responsable de Gaza a affirmé qu'environ 200 corps avaient été exhumés en trois jours de fosses communes à l'intérieur de l'hôpital Nasser. Comme d'autres complexes hospitaliers de Gaza, celui-ci avait précédemment fait l'objet d'un raid de l'armée israélienne. Elle accuse le Hamas d'utiliser les hôpitaux comme un centre de commandement militaire.

Un porte-parole de la Défense civile de Gaza a déclaré à l'AFP que plusieurs des corps retrouvés étaient en décomposition, rendant le processus d'identification des victimes plus complexe.

Le bilan pourrait encore être revu à la hausse, certaines sources à la Défense civile ainsi qu'au gouvernement du Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007, avancent le chiffre de 283 corps.

L'armée israélienne s'est retirée de Khan Younès le 7 avril.

Aide américaine

Cette découverte macabre intervient au moment où les Etats-Unis ont approuvé une aide militaire de 13 milliards de dollars pour leur allié israélien. Pour le Hamas, Washington a donné à Israël le "feu vert" pour continuer à "agresser" les Palestiniens.

Les Etats-Unis insistent sur la nécessité d'un cessez-le-feu immédiat associé à la libération des otages. Mais les négociations menées par l'intermédiaire des pays médiateurs sont au point mort, les deux camps s'accusant de les bloquer.

Outre le lourd bilan humain et les destructions, la guerre a provoqué une grave crise humanitaire menaçant les quelque 2,4 millions d'habitants de famine. Rencontré par l'AFP, un habitant du centre du territoire, Naim al-Goaan, a raconté avoir transformé un parachute rempli d'aide humanitaire en un abri de fortune.

"Les gens ont pris l'aide, et nous avons récupéré le parachute pour en faire une tente où ma soeur dort la nuit, tandis que durant la journée, nous l'utilisons comme un magasin".

Par ailleurs, les violences se multiplient à la frontière nord d'Israël avec le Liban, entre l'armée et le Hezbollah libanais, allié du Hamas, ainsi qu'en Cisjordanie occupée où les forces israéliennes mènent des raids quasi quotidiens, disant vouloir lutter contre des groupes armés palestiniens.

ats, afp

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