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Gaël Ondoua: «Je me pose des questions»

Gaël Ondoua: «Je me pose des questions»
Gaël Ondoua: «Je me pose des questions»
Publié le 25.05.2020

Temps de lecture estimé : 3 minutes

Football » Alors que la Super League sera fixée sur son sort cette semaine, certains joueurs donnent leur avis. Gaël Ondoua, du Servette FC, en fait partie.

Gaël Ondoua est un personnage à part. Au-delà de ses qualités de récupération qui ont permis à l’entrejeu servettien de performer en Super League, il est aussi un homme de 24 ans au parcours de vie hors du commun. Né au Cameroun, il a déménagé très tôt en Russie pour suivre son père diplomate. A neuf ans, ce dernier est parti, Ondoua est resté, seul pour se former au football. Et à la vie.

Comment vivez-vous la reprise de l’entraînement?

Gaël Ondoua (photo Keystone): C’est toujours un plaisir de retrouver les coéquipiers. On forme une famille et quand tu passes deux mois sans voir ta famille, tu commences à sentir un manque. Le fait de revivre notre passion ensemble, de parfois se chamailler sur le terrain, c’est génial. Je ne peux décrire ce sentiment.

Comment voyez-vous le football d’après la crise?

D’un point de vue personnel, je pense que les gros transferts vont disparaître pendant un bout de temps. Cela sera déjà un impact. Le football dépend des investisseurs, des sponsors. Si ceux-ci sont touchés à l’interne, ils doivent avant tout payer leurs employés, avant de venir donner au football. Les joueurs seront aussi obligés de s’adapter: ils devront prendre ce qu’on pourra leur donner.

Faut-il rejouer au football de votre point de vue?

Je suis un joueur de foot qui se trouve dans un club. J’essaie donc de respecter ma hiérarchie. Si le club estime que l’on peut jouer et met les conditions nécessaires pour que nous puissions nous sentir protégés, je ne peux que suivre cette position. Je suis un employé du club, je ne vais pas me rebeller. En revanche, je me pose des questions: est-ce que le côté sanitaire est assuré? Le club me donne cette garantie, cela me met en confiance. Mais il y a un point d’interrogation: est-ce que tous les clubs donnent les mêmes garanties que Servette? Si on doit continuer le championnat, il faut que l’adversaire respecte ces mêmes conditions.

Mais vous avez un avis…

Moi, je veux jouer. J’ai envie de reprendre la compétition, je ne veux pas rester à la maison. Si je me lève chaque matin pour m’entraîner, c’est pour avoir une évaluation le week-end avec le match.

De nombreux supporters en Suisse et en Europe, et notamment ceux de Servette, s’opposent à la reprise du championnat à huis clos. Les comprenez-vous?

L’essence même du football, c’est le public, le spectacle. Les gens viennent en famille pour passer un bon moment dans un stade. Je comprends l’avis de nos fans. Certains vivent de ça. Pour eux, Servette est toute leur vie. J’en ai rencontré un, qui est là à chaque match depuis des dizaines d’années. A cet homme-là, on ne peut pas enlever Servette, l’empêcher de venir au stade. Je me mets donc à sa place. Imaginez, cette personne habite Genève et ne peut pas venir à La Praille. Ce sont des amoureux du club, on ne peut pas les arrêter. Mais moi, je suis footballeur et j’essaie d’être correct envers la société. Moi, je veux travailler et si je ne travaille pas, si je ne joue pas, comment vais-je pouvoir leur apporter de la joie? Aussi, peut-être que nous pouvons être des exemples pour les autres personnes, grâce à l’énergie que nous mettons sur le terrain. ATS

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