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Des hommes sans elles

Une mouvance réunit des hommes refusant tout contact avec les femmes. Originaire des Etats-Unis, elle atteint la Suisse

Le symbole des MGTOW représente une bifurcation, pour signifier le «changement de voie» qu’ils ont adopté. © Adrien Perritaz
Le symbole des MGTOW représente une bifurcation, pour signifier le «changement de voie» qu’ils ont adopté. © Adrien Perritaz

Yvan Pierri

Publié le 04.08.2020

Temps de lecture estimé : 2 minutes

Société » MGTOW, c’est l’acronyme de «Men Going Their Own Way», pour rassembler les hommes qui ont décidé de «tracer leur propre voie». Portant leur célibat en étendard, ils se refusent le plus possible d’avoir des contacts avec les femmes. Ils rejettent le mariage, le concubinage, la cohabitation et parfois même l’amitié avec les membres de la gent féminine, devenus trop dangereux, selon eux. C’est là «le bon sens pour les hommes», affirment-ils sur leur site officiel…

Cette communauté a d’abord émergé dans les pays anglo-saxons en se construisant en opposition au féminisme. Chez les MGTOW, on ne trouve pas d’associations officielles et peu de grandes figures médiatiques, ils sont souvent anonymes. La Page Jeunes a toutefois réussi à contacter Marcel*, 30 ans, fondateur de la communauté suisse des MGTOW sur le site de discussion Reddit. «L’anonymat fait partie pour moi du charme et de l’accomplissement du partisan des MGTOW: la société n’a pas à savoir ce qu’il est, puisqu’il le fait pour lui-même», estime l’internaute.

Il explique que chacun trouve sa manière de vivre son appartenance au mouvement. «Pour moi, c’est un lâcher-prise intellectuel, c’est corriger son comportement, en abandonnant la cigarette, en privilégiant la musculation; c’est s’investir dans ses études ou sa profession, et vivre ses hobbys quels qu’ils soient; rester digne et défendre sa personne», énumère-t-il avec sérieux.

Homo caelibatus

Comme beaucoup, Marcel a emprunté la voie du célibat volontaire suite à une rupture en 2016. Deux ans plus tard, il lance le forum rassemblant les MGTOW de Suisse. Pensé comme un espace d’échange et d’informations, il est parsemé de posts traitant des différences entre les genres, des hommes abusés, des lois sur le divorce ou encore de l’actualité politique, le tout à travers un prisme résolument antiféministe mais pas sexiste pour autant, insiste Marcel: «Les principes de base ne sont pas misogynes.»

L’internaute est aussi le responsable de la chaîne YouTube MGTOW suisse, lancée en 2019, où il s’exprime avec virulence sur ces mêmes sujets. «J’essaie d’être une voix pour les hommes de Suisse romande, défend Marcel. J’ai évoqué par exemple la garde des enfants, qui reste majoritairement en main féminine malgré la dernière loi.» Le vidéaste considère le droit helvétique comme vecteur d’inégalités: «Aucune loi n’y est favorable à l’homme, c’est même le contraire, martèle Marcel. On oblige par exemple les jeunes hommes dès 18 ans à servir le pays, ou payer une taxe jusqu’à 30 ans, c’est une double imposition!»

La radicalité de la posture de certains MGTOW frappe: «Je ne crois pas aux mariages heureux, clame ainsi Marcel. On peut vivre avec quelqu’un très longtemps en très bonne communion, mais la vérité, c’est que la majorité des hommes vivent dans une misère affective et sexuelle, et que s’ils ne protestent pas, c’est qu’ils ont trop peur d’énerver bobonne de peur qu’elle parte avec la moitié de la maison sur un coup de tête.»

* Prénom d’emprunt

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