Sarah Chiche » C’est un texte dont la beauté se déploie comme éclorait une fleur noire. On entre dans Saturne par la mort du père, leucémie, alors que la narratrice n’a que 15 mois. Il faut alors reconstituer, par bribes impuissantes, la vie de cet inconnu. Rejeton d’une lignée de médecins exilés d’Algérie, fondateurs en France d’un royaume de cliniques d’où ruisselle un argent qui n’offre aucun bonheur, Harry est ce rêveur réfugié dans les livres, la contemplation des étoiles et la passion d’une femme à la beauté insoumise. Au désespoir de sa famille aux fiertés bourgeoises aussi fastueuses que factices.

Arrive la seconde partie de ce roman psychanalytique et autobiographique signé Sarah Chiche, absolument splendide, qui gravite autour de l’absence. L’auteure de quitter alors les rivages de la mélancolie jusqu’à rejoindre, comme on traverserait un lac gelé, ceux de la profonde dépression. Endeuillé, le réel devient ce gouffre où tremblent les ombres, comme vivent les morts s